En tant qu’étudiante en sciences de l’environnement et en géographie, je suis constamment confrontée aux enjeux sociaux, environnementaux et économiques liés aux changements climatiques et aux problèmes de l’agriculture moderne.
Je ne vous ferai pas un long exposé sur que sont les changements climatiques, mais pour faire simple, nos techniques d’agriculture intensive actuelles et nos habitudes de consommation des matières premières (eau, énergies fossiles, sols, êtres vivants) sont très dommageables pour l’environnement. En fait, l’activité humaine est responsable en grande partie de l’augmentation des gaz à effet de serre (GES) qui contribue, grosso modo, au réchauffement de la planète. Il y a un consensus scientifique là-dessus.
Au tournant de la révolution industrielle, à la suite de la Deuxième guerre mondiale, la croissance liée au domaine industriel a fait nettement augmenté la température moyenne mondiale, tel que démontré sur le graphique ci-dessous. Si on se fie aux modélisations réalisées par les scientifiques… la situation ne va pas en s’améliorant. Mais, pour vrai, je vais en reparler dans un autre billet, car c’est un sujet en soi !
Donc, revenons à l’agriculture urbaine.
Lorsqu’on jumelle l’agriculture (faire pousser des choses, élever des animaux) à la notion d’urbanisation (la ville), ça donne l’agriculture urbaine. Ainsi, l’agriculture urbaine, c’est tout simplement la culture de plantes comestibles ou l’élevage d’animaux dans une ville. Elle se distingue donc beaucoup de l’agriculture rurale (traditionnelle) car elle peut se pratiquer sur de petites surfaces et utilise la bonne vieille “huile de coude” plutôt que des moyens mécaniques et techniques avancés. L’agriculture urbaine ne se limite pas qu’aux jardins potagers individuels; il peut aussi s’agir de jardins communautaires ou collectifs.
Non seulement cette forme d’agriculture permet de s’approvisionner en aliments frais et de qualité (on sait ce qu’on mange et d’où ça vient), mais elle a également de nombreux bienfaits aux points de vue social, environnemental et économique.
D’un point de vue social, l’agriculture urbaine permet d’abord la proximité entre les gens. Elle donne l’opportunité de créer un tissu social fort entre les jardiniers et voisins. Ceux-ci peuvent s’échanger des récoltes, des conseils, organiser des activités de cueillette, etc. Elle permet aussi de briser l’isolement. En plus de cela, le fait de travailler la terre permet de reconnecter avec la nature et plusieurs trouvent dans cette activité une source d’apaisement, de retour sur soi. Enfin, elle est une excellente activité éducative tant pour les enfants que pour les plus grands qui peuvent apprendre tous les jours de ce que la terre a à leur offrir ! En gros, planter et récolter des fruits et des légumes, ça améliore ta qualité de vie, et on va se le dire, un jardin, c’est beau et c’est plaisant à regarder !
Du côté des bénéfices environnementaux, ceux-ci sont nombreux ! La pratique de l’agriculture urbaine améliore la qualité de l’air (les plantes, c’est bon pour la captation du CO2), aide à réduire les îlots de chaleur, permet de protéger et favoriser la biodiversité, permet de retenir les eaux de pluie et donc de limiter la perte des eaux de ruissellement. Enfin, puisqu’on réduit le transport des aliments et qu’on consomme local, cela contribue grandement à la diminution des gaz à effet de serre (GES).
Sur le plan économique, l’agriculture urbaine permet de diminuer les coûts reliés au panier d’épicerie, réduire les coûts de la climatisation (si on fait pousser des plantes grimpantes le long des murs) et commence même à générer des emplois (c’est vraiment un domaine du futur).
J’ai pu assister à de nombreuses conférences et ateliers et visiter des projets hyper emballants. Voici mes coups de coeur :
Les Racines de l’île : Guillaume et Rebeka nous ont parlé des différents modèles d’entreprises existantes dans le milieu agricole. C’était hyper enrichissant de voir comment ce couple est parti de pas grand chose et a réussi, en deux ans, à monter une entreprise ultra prometteuse en respectant ses valeurs et en utilisant le modèle de la coopérative de travailleurs.
Y’a QuelQu’un l’aut’bord du mur – Paysage solidaire : Nous avons rencontré Tommy au potager derrière le CHSLD Foyer Rousselot dans Hochelaga-Maisonneuve (Hochelaga <3). Il nous a parlé du lien qui a été créé avec les résidents du centre au travers de ce projet. C’était vraiment touchant de voir que les différentes générations peuvent bénéficier mutuellement l’unes des autres pour faire vivre ce projet !
La ruelle verte et le jardin communautaire Basile-Patenaude : Ça vaut la peine d’aller visiter cet endroit hors du commun, dans Rosemont-La-Petite-Patrie ! C’est vraiment, VRAIMENT, inspirant tout ce que les citoyens ont fait, comment ils se sont approprié (car laissé à l’abandon pendant de nombreuses années) cet énorme espace qui était semi-vacant, semi-plein-de-cochonneries. C’est situé tout juste derrière le Maxi sur Masson près d’Iberville. C’est renversant tout ce qu’ils réussissent à faire pousser et en plus, leur mission est tant éducative que nourricière.
Cette semaine m’a vraiment motivée à continuer de m’impliquer auprès de ma communauté (Hochelagais-es, vous avez pas fini d’entendre parler de moi !) car il y a encore tant à faire ! Nous avons déjà beaucoup de ruelles vertes à Montréal, mais pas encore assez. Quelques “rues comestibles” commencent à se mettre en place, mais il faudrait vraiment que Montréal (pas juste quelques arrondissements) se dote d’un programme sur l’agriculture urbaine et une urbanisation responsable.
On se rejase bientôt de changements climatiques 😉